Écrire la vie - Barbara Di Centa

 













Écrire la vie


J’ai toujours ressenti qu’il y avait deux parties de ma vie, la première et la deuxième. Je crois que je suis en train d’entamer la deuxième.
Il y a quatre ans, j’ai su que j’avais une tumeur au sein droit, de type triple négatif. Jusque là, ma vie avait été paisible, sans trop de difficultés.

Je suis mariée, maman de deux filles, grand-maman de deux petits enfants et je jouis de la compagnie de mon chat bien aimé qui s’appelle Joy, une femelle, une Bengale.

Je vis une vie de plénitude, en Suisse, où tout est facile et où mes droits sont respectés. Je le considère comme une bénédiction, un privilège.

J’adore cuisiner, m’occuper de mon potager naturel et expérimenter des cultures, marcher dans la nature, écrire, avoir du temps pour moi, observer les gens, voyager, voir mes amies.

Tout cela est plutôt banal, mais s’il me faut chercher les traits de mon caractère, ceux qui me sont uniques, je dirais que je suis une personne honnête, avec des valeurs traditionnelles, qui aime profondément les gens et très emphatique. Ceci est un don, mais aussi une faiblesse. Souvent je m’implique trop dans la vie des autres. Leurs peines deviennent les miennes et ce n’est pas sain.

La maladie a été un tournant décisif dans mon parcours de vie, car elle m’a appris plus encore combien pouvoir profiter de nos journées est un don immense et pas quelque chose d’automatique.

Ma vision des situations a changé, et me permet de savoir ce qui est vraiment important ou pas.
Je ne peux plus me permettre de faire des compromis sur ce qui compte à mes yeux, je me le dois.

Récemment j’ai pu réaliser un projet compliqué qui me tenait à cœur et cet accomplissement a augmenté la confiance en moi et en mes possibilités.

C’était une expérience très gratifiante que j’aimerais répéter dans d’autres domaines, comme, par exemple, l’écriture.

J’adore observer, comme les chats. Et l’écriture me permet de noter toutes ces choses minuscules de mon quotidien qui, sinon, passeraient inaperçues.

“Écrire c’est vivre deux fois” a dit une autrice, et je le pense aussi.

Pour moi, poser des mots sur papier est un don d’amour, une forme de partage, pas une démonstration de son propre ego.

J’écris pour les autres, comme je cuisine pour les personnes que j’aime. En effet, je donne de mon écriture.

Comment je le sais ? Car l’écriture tisse un lien entre qui me lit et mon âme, mon cœur, mon désir de communiquer.

Écrire me permet de ressentir des sentiments qui, sinon passeraient inaperçus, balayés par les tâches du quotidien, la routine.

Je suis unique, mais en même temps, je suis en lien avec tous les êtres humains, les animaux et les plantes qui peuplent la terre. Nous sommes tous en relation étroite.

Je me pose des questions sur ce que je peux faire pour apporter une contribution à l’évolution du monde, laisser la planète un brin meilleure de comment je l’ai trouvée et je me dis déjà que le fait d’être maman et grand-maman m’a permis de transmettre mes valeurs à la génération future.

Je suis reconnaissante pour tout ce que j’ai et, en même temps, je désire m’améliorer, évoluer, construire la troisième partie de ma vie.

Je me réinvente chaque jour et je peux être celle que je souhaite. Je m’entoure de gens positifs, si j’en ai le choix.


Barbara Di Centa

Février 2023

Articles les plus consultés