Cher Père-Noël - Franck Vasseur

 


Cher Père-Noël

Trop bien ! Je m’en souviens de tes venues dans la maison. Moi, mes frères (et aussi les sœurs) plus vieux que moi disaient que t’existais pas. N’importe quoi ! Je m’en souviens trop bien du dernier soir avant que tu viennes.


D’abord, une semaine plus tôt, on allait en groupe chercher un sapin, pas un n’importe quoi, un grand, très grand parce que moi, mon père, il voulait toujours que ça touche le plafond ! Normal avec 7 enfants. Même que des fois, il fallait en couper un bout pour pouvoir mettre la guirlande du haut, la belle. Ensuite, on se bagarrait pour poser des boules avec plein de couleurs, surtout des rouges et des guirlandes comme de l’argent. Je pense que tes rennes auraient préféré sans la déco pour pouvoir manger le sapin ?


Et pis, le soir d’avant que tu viennes, on nous mettait au pieu trop tôt, je voulais pas dormir. Le matin, alignés en rang d’oignon par ordre d’âge, le plus petit devant et en pyjamas, on se massait dans l’escalier en attendant le feu vert pour se précipiter vers le sapin avec des tas de paquets enrobés de rubans, souvent des rouges, mais pas que.


Les autres qui disaient que t’existais pas, ils avaient tort. Les parents pouvaient pas acheter tout ça avec une seule paye et neuf dessus comme disait mon père dans l’année. La preuve, même que la nourriture était sous clé chez nous, mais pas chez les voisins !


Et en plus, pas de chance pour eux, moi je t’ai vu ! Nan, pas dans ma maison, on devait pas descendre avant le signal du matin, mais au Grand Rex, à Paris. Le copain SNCF de mon papa est venu lui demander s’il avait pas un enfant à lui prêter pour te porter un jouet sur la scène, devant tout le monde, pour que tu le rapportes à ton fils Manouki. Alors mon père a dit : 

“Lui !” 

Et « lui », c’était moi ! Et pis moi, ça me semblait normal d’avoir des enfants, surtout qu’on s’appelle Père-Noël. Ce serait quoi un père sans enfants ?


Ils m’on fait répéter de quoi te dire, mais ça a servi à rien, quand je t’ai approché devant tout le monde, je t’ai dit mon texte en te donnant le cadeau emballé de Manouki (le même que nous, une fusée qui roule, tape le mur et se redresse après), mais tu as dit quelque chose et les gens on applaudi trop fort, alors ils ont rien entendu, et toi non plus. 


Pas grave, moi j’avais fait ce qu’il faut, et j’étais content, je t’avais parlé.

Alors évidemment, croire ou pas croire, question de foi. Et pis en vrai, “on voit ce que l’on croit”, et pas l’inverse. Et pas de bol pour la famille, moi, souvent, je crois en toi. Et merci pour tous tes cadeaux…

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